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cinéma !… cinéma !…

— Que d’histoires ! s’écria Mme Nitol. À mon avis, tout se serait arrangé pendant le mariage.

— Non, maman, rien ne s’arrange quand un mari est jaloux. Il se forge des idées et la désunion s’accentue.

Il était assez naturel que cette mère se montrât mécontente. Elle s’était cru parvenue au couronnement de sa maternité en mariant sa fille brillamment, selon elle, et tout était brisé. Il y avait de quoi s’alarmer et en vouloir à une enfant aussi stupide.

— Que vont dire les dames Hervé ?

— Elles lui chercheront une autre femme plus rusée que moi, qui acceptera le mari pour sa position. Ce que je veux, moi, c’est la confiance entre les époux. J’ai rêvé, certes, mais je m’en repens. Mon bon sens a tardé à naître, mais je sais maintenant que l’entente dans un ménage est le seul bien à entretenir.

Mme Nitol ne répondit pas, parce que sa fille parlait sagement. Si la folle du logis s’était laissée entraîner quelques mois auparavant, la pondération triomphait. M. Nitol, témoin muet de cette scène, ne pouvait qu’approuver sa fille, tout en plaignant sa femme d’être déçue dans ses espérances. Lui non plus n’aurait pas supporté la jalousie d’un conjoint. Il en avait souffert dans son enfance, son père étant porté vers ce défaut sans aucun motif. Sa pauvre mère en avait beaucoup pâti. M. Nitol, donc, admirait sa fille qui avait reculé devant ces petits drames domestiques qui pouvaient parfois aboutir au drame tout court. Elle avait négligé la situation qui promettait de devenir importante, pour échapper aux tracasseries quotidiennes d’un jaloux.

La nuit de Claudine fut bien mauvaise, non qu’elle regrettât de ne plus être fiancée, mais ce bouleversement soudain la désemparait. Elle pleura beaucoup, puis s’endormit, contente soudain de se voir libérée du tourment qui la hantait.

Elle se félicita de n’avoir pas avoué qu’elle con-