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AUTOUR D’UN CANDIDAT

Mme Gémy que celle-ci ne consentirait sans doute jamais à une union entre les deux jeunes gens. L’essentiel était que Louise, dans sa pitié, n’aimât pas ce député manqué.

Dans tous les cas, Mme Lavaut projetait de partir le lendemain afin de soustraire sa fille à cet entourage.

Elle en était là de ses réflexions quand Mme Gémy apparut. Elle arborait un visage apaisé, presque rayonnant.

Mme Lavaut oublia son impolitesse antérieure, et d’un ton affable lui dit :

— Vous cherchez, comme moi, la solitude, chère Madame ?…

— Non, Madame, je vous cherchais, tout simplement…

Mme Lavaut crut percevoir une sévérité dans les paroles de sa compagne et elle eut un petit frisson d’angoisse. Mme Gémy venait-elle lui reprocher son manque de courtoisie ? Elle répliqua, un peu anxieuse :

— Vous me cherchez… pourquoi, chère Madame ?

— Je voulais vous annoncer une nouvelle concernant mon fils… Maître Zède l’appelle auprès de lui comme secrétaire, et nous partons dès demain… Il va prendre son poste sans délai… C’était un ami de mon mari, mais je ne comptais pas sur la solidité de ces vieux souvenirs, sachant que la vie dénoue beaucoup de choses, comme elle en noue beaucoup d’autres…

À vrai dire, Mme Lavaut ne voyait pas bien pourquoi Mme Gémy venait lui raconter ces faits. Elle inclinait à croire que c’était uniquement une satisfaction d’amour-propre. Ayant