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AUTOUR D’UN CANDIDAT

d’une infusion et toi seule sais la faire à mon gré…

Marcel s’empressa :

— Voulez-vous mon bras, Madame, pour vous conduire jusqu’à votre chambre ?

— Je vous remercie, Monsieur, prononça froidement Mme Lavaut, celui de ma fille me suffira…

Heureusement que son maintien de reine offensée fut effacé par le sourire radieux que lança Louise à Marcel. Ce dernier n’eut cure de ce dédain. Il pensait à la découverte qu’il ne soupçonnait pas du caractère de Louise, et il restait rêveur, ému, devant cette énigme enfin déchiffrée.

Il n’eut pas le loisir de s’appesantir sur ces horizons nouveaux. Sa mère venait à sa recherche avec une lettre à la main. Elle lui dit :

— Dans le tourbillon de ce vilain événement, on a complètement négligé de regarder le courrier… Voici une lettre pour toi…

Marcel l’ouvrit avec indifférence. Dès les premières lignes, son visage s’illumina :

— Quel bonheur, maman ! s’exclama-t-il, Maître Zède me demande si je veux bien être son secrétaire… Quelle aubaine c’est pour moi !… La plupart des causes de cet homme célèbre vont m’échoir… Jamais je n’aurais pu m’attendre à une situation pareille aussi vite…

Mme Gémy était toute rassérénée. La joie de son fils l’épanouissait. Elle l’embrassa avec effusion et dit :

— Le bon Dieu récompense toujours les belles âmes… Tu es si consciencieux… Moi, j’ai trop d’ambition pour toi, et j’en suis punie