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AUTOUR D’UN CANDIDAT

serait trop beau si l’on réussissait du premier coup !…

Mme de Fèvres, comme les caractères audacieux et énergiques, ne se courbait pas sous l’échec. Il la stimulait, au contraire. Être vaincue ne lui apparaissait pas comme une humiliation, mais comme une leçon. Ç’eût été un homme d’action de premier ordre.

Mmes Lavaut et Lydin observaient un silence diplomatique durant cette escarmouche. Leur espoir s’en allait à vau-l’eau…

Elles étaient encore sous le coup de la surprise que leur avait causée cette nouvelle, et elles se demandaient quelle devait être leur attitude.

Il leur semblait logique de considérer comme négligeable Mme Gémy et de reporter toute leur amabilité sur leur hôtesse.

Sans se communiquer leurs impressions, elles éprouvaient les mêmes et elles s’adressèrent à Mme de Fèvres. Ce fut Mme Lydin qui parla la première :

— Combien je partage votre ennui, ma chère amie !…

— C’est désagréable, répliqua Mme de Fèvres, mais les échecs ne m’atteignent pas… Je ne vois que le but… il est reculé, c’est tout.

Mme Lavaut s’exclama avec admiration :

— Quel beau sang-froid !

— Ce qui est désolant, reprit la châtelaine avec bonté, c’est que notre pauvre amie, Mme Gémy, est totalement désemparée…

D’un ton doctoral, Mme Lavaut lança :

— Il fallait s’y attendre… c’eût été de la sagesse…