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AUTOUR D’UN CANDIDAT

pièce, ce furent des exclamations confuses où chacune de ces dames exhalait sa propre déconvenue.

Mme Gémy cria dans une explosion de désespoir :

— Je n’y survivrai pas !… C’est pire qu’un malheur, c’est une honte !

— Ma chère amie, ne vous désolez pas ainsi, intervint Mme de Fèvres qui, en vraie combative, prenait courageusement les choses… Il faut bien qu’il y ait un candidat vaincu, et le nôtre l’est avec l’honneur…

— Mais c’est mon fils ! clama Mme Gémy dans son orgueil déçu.

— Eh ! l’autre a aussi une mère… riposta dignement la châtelaine.

— Ah ! si Marcel m’avait écoutée, nous n’en serions pas là… Je n’aime pas la politique… Je ne pensais qu’à vivoter tranquillement dans mon appartement sans être mêlée à ces combats stupides… Nous voilà bien, maintenant !… Il faut partir d’ici comme de pauvres chiens battus…

— Ne soyez pas si amère… Puis, vous vous êtes prêtée de bonne grâce à nos projets… Ah ! si Marcel avait été favorisé, nul doute que vos paroles eussent changé de forme… En ce moment, vous êtes un peu contrariée, mais demain vous n’y penserez plus…

— Un peu contrariée !… mais je souffre, Madame !

— Ne vous désespérez pas… votre fils se représentera et…

— Jamais !

— On le connaîtra mieux, poursuivit la châtelaine, et vous serez fière de ses succès… Ce