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AUTOUR D’UN CANDIDAT

bon Dieu lui pardonnera ses fautes vénielles.

La sortie de la messe réveilla ces différents personnages de leurs agitations intimes.

La réalité les reprit et Marcel redevint l’homme politique, c’est-à-dire aimable pour tous, empressé avec un air qu’il s’efforçait de rendre non blasé.

On votait. Les paysans se dirigeaient vers la mairie et disaient bonjour en passant.

Mme Gémy leur trouvait un sourire goguenard ou un aspect sévère selon la seconde où était son état d’esprit.

Le déjeuner, quoique très bon, fut terne, malgré la gaieté qu’essaya d’y déployer M. de Fèvres. Mais tout le monde devenait préoccupé et ses efforts restaient vains.

Jeanne, comme son père, tentait de vaincre l’atmosphère inquiète qui régnait ; et Mme de Fèvres riait d’un rire qui n’était que de surface. Malgré son assurance coutumière, elle estimait qu’il valait mieux ne plus autant affirmer une réussite qui pouvait être un échec d’une minute à l’autre.

Les heures se traînèrent jusqu’au moment où M. de Fèvres, en compagnie de M. Lavaut, s’en alla aux nouvelles. Les jeunes filles étaient allées en promenade afin de distraire leur attente.

La nouvelle que rapporta M. de Fèvres fut inattendue…

Dans le salon frais, où ces dames étaient réunies, causant avec le candidat, il entra en clamant :

— Eh bien ! mon cher, vous êtes blackboulé !

— Blackboulé ?… cria Mme Gémy en s’effondrant dans son fauteuil.