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AUTOUR D’UN CANDIDAT

Les deux jeunes filles lui paraissaient également correctes et agréables, mais ses préférences allaient vers Louise. Il la trouvait bonne et simple et toujours prête à rendre service. Elle s’ingéniait à se rendre utile tout en restant silencieuse.

Le rire d’Isabelle lui pesait parfois. Prendre la vie en riant était l’indice d’un caractère que les contingences n’affligeaient pas, mais ce rire devenait une manie quand il se mêlait à tout.

Mais Marcel ne pensait pas à se marier.

Il n’était pas encore assez lancé dans sa carrière d’avocat pour se créer un foyer. Il voulait travailler encore et estimait que la solitude lui était nécessaire. Si un grand maître du barreau l’eût appelé près de lui comme secrétaire, la face des choses se fût transformée. Mais cette situation ne lui avait pas encore été proposée.

Puis, s’il passait député, il n’aurait plus le temps de penser à soi. Telle qu’il la comprenait, la mission de député était pour lui un sacerdoce. Les électeurs deviendraient ses frères, ses enfants, et il voulait se consacrer à eux avec une entière liberté d’esprit.

Louise donc, pour le moment, ne l’intéressait que par l’entretien bizarre et réticent qu’il venait d’avoir avec elle. Il la jugeait timide, mais pas à ce point. Il pressentait donc une cause à l’embarras qu’elle avait montré et il cherchait à quoi il pouvait se rattacher.

Cependant il oublia vite cet incident. Très préoccupé par les dernières préparations de sa candidature, il fut bientôt absorbé par tout ce qui la concernait. Il eut un long concilia-