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AUTOUR D’UN CANDIDAT

moment qu’il avait entrepris cette tâche, il désirait la conduire jusqu’au bout.

Il restait calme, sans nerfs, happant la moindre minute de repos afin de se ressaisir.

C’est ainsi qu’un matin, il fumait béatement une cigarette dans un abri de chèvrefeuille du parc. Il reprenait un peu d’oxygène avant de se lancer de nouveau dans la mêlée. Il n’y avait plus que huit jours avant le vote et il fallait tendre son énergie pour ne pas faiblir.

Alors qu’il entassait dans son imagination arguments sur arguments pour enlever l’enthousiasme de son parti, un bruit de pas sur le gravier l’arracha à son discours intérieur.

Sans le voir, Isabelle longea le kiosque de verdure où il était caché, mais la fumée de sa cigarette le trahit. Elle leva les yeux et le vit.

Isabelle rougit en pensant qu’elle tenait là l’occasion de rendre nette une situation qu’elle jugeait embarrassante depuis que sa mère visait le candidat pour gendre.

Résolument, elle lança en riant :

— Bonjour, Monsieur Marcel !

— Bonjour, Mademoiselle… Déjà dehors ?

— Par ce beau soleil, ce serait triste de rester entre des murs…

— Et vous n’aimez pas la tristesse, je le sais… Quand vous disparaissez d’une pièce tout s’assombrit…

Isabelle, heureuse de ce compliment, cacha sa joie sous un rire perlé qui s’égrena comme une cascade…

Elle dit :

— Il faut me pardonner… Les compliments, voyez-vous, c’est une nouvelle gaieté pour