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AUTOUR D’UN CANDIDAT

— Et puis, nous avons rencontré un paysan qui avait légèrement bu et qui nous a dit que Marcel ne passerait pas…

— Hein ?… sursauta Mme de Fèvres… Mon ami, vous devriez vous exprimer avec plus de modération… Il est fort heureux que Mme Gémy ne soit pas parmi nous…

— Mais, chère amie, quand on se mêle de politique, il faut s’attendre aux vestes… la mère d’un grand homme fait d’avance le sacrifice de sa tranquillité !… Mme Gémy gémira plus d’une fois…

— Fi ! Monsieur… quel esprit facile !

— Je me garde de vouloir être spirituel…

— Vous croyez qu’il y a vraiment du danger pour notre candidat ?… demanda Mme Lavaut.

— Mais non… mais non… assura Mme de Fèvres, mon mari joue au mauvais augure… Il a un caractère malheureux et voit tout en pessimiste… Nous avons tous les atouts, tous… J’en parlais encore au maire, ce matin, il m’a affirmé que le concurrent n’avait ni chances, ni valeur…

M. Lavaut qui était un homme assez taciturne, et qui disait rarement des choses agréables, se crut obligé de protester :

— J’en ai entendu parler, de l’autre… Il a des chances… Quant à la valeur, il en possède… Vous savez que c’est le propriétaire d’un grand hôtel de Paris… Pour peu qu’il promette à ses électeurs de les nourrir pour rien quand ils viendront dans la capitale, notre candidat sera par terre…

— Pas si haut, Monsieur, pas si haut, voici Mme Gémy…

La mère de Marcel entrait, remise de sa