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AUTOUR D’UN CANDIDAT

— Comme nous sommes de cœur avec vous dans vos angoisses, chère Madame Gémy… Comme mon cœur de mère compatit à l’émotion qui doit vous étreindre en sachant votre fils sur la brèche !… C’est notre sujet de conversation constant avec Isabelle… Ah ! vous pouvez dire que vous êtes entourée au moins de deux affections sincères… Ma jolie Isabelle ne tarit pas d’éloges sur le candidat, ce charmant Marcel qui réunit tant de qualités à un si brillant talent d’avocat… Nous le verrons ministre, j’en suis sûre…

— Vous croyez ?

— N’en doutez pas une seconde !… Il a ce qu’il faut pour conduire les foules… Isabelle l’a compris tout de suite… De la façon dont il dit : mes chers électeurs… on sent que c’est un homme qui… que… Les expressions me manquent pour traduire ma pensée… Je suis une sensitive et quand je pressens ce qui peut éclore dans l’ombre, je suis terriblement émue…

— Quoi… que voulez-vous dire ?

— N’avez-vous donc rien remarqué ?

— Mais non…

— Je ne devrais peut-être pas vous le dire… mais nos deux enfants sont créés l’un pour l’autre… mon cœur de mère l’a vu tout de suite… La beauté d’Isabelle, la distinction de votre fils vont de pair… Quelle autre femme ferait mieux dans le salon d’un ministre que ma fille si suprêmement élégante, si fine, si…

Mme Lydin s’arrêta, n’ayant plus de souffle. Ces mots jetés tout d’une haleine lui semblaient une victoire définitive. Mme Gémy ne répondait pas, donc elle était conquise.