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AUTOUR D’UN CANDIDAT

rait sa fille. Étant mère, elle savait ce que l’on peut dire aux mères, ce qui a le don de les séduire, ce qui est nécessaire pour leur ouvrir les yeux, afin de les aiguiller dans la voie où l’on veut les mener.

— Chère Mme Gémy !… Comment ! on vous a laissée seule, dans des heures semblables !… Je vous cherche partout afin de vous soustraire à la solitude qui doit être angoissante… La veillée des armes, quoi !

— En effet, je suis fort angoissée… et je fuis le monde…

— Il ne faut pas… Une peine partagée est moindre… votre émotion est la nôtre…

— Je n’ai plus de force et ne puis tenir en place…

— Eh bien ! promenons-nous sous cette voûte de verdure…

— Je veux bien…

Mme Gémy quitta le banc rustique qu’elle occupait et marcha près de Mme Lavaut.

Elle l’écoutait distraitement, puis, soudain elle demanda, s’arrêtant net :

— Croyez-vous qu’il sera élu ?

— Mais naturellement… Louise m’en parlait encore tout à l’heure… Cette petite a des pressentiments étonnants… Elle juge avec une infaillibilité extraordinaire…

— Elle ne se trompe jamais ?

— Jamais…

Mme Lavaut crut le moment opportun de lancer une phrase décisive et elle ajouta :

— Quelle femme précieuse elle serait pour un homme politique !

Mme Gémy ne parut pas comprendre l’allusion, elle répondit vivement :