Page:Fiel - Autour d'un candidat, 1929.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
AUTOUR D’UN CANDIDAT

— Ah ! je savais bien qu’il y avait autre chose !…

— Pas du tout… Je crois que j’ai reçu un coup de soleil, et je ne sais plus ce que je dis…

Alfred essaya de se dominer, mais il songeait :

— J’aimerais mieux affronter une horde de cannibales que de voir le regard tranquille de Jeanne se poser sur moi, si je risquais le moindre aveu…

Les deux jeunes gens rentrèrent ensemble. Mme Lavaut les vit qui s’avançaient dans la grande allée bordée de platanes.

Jeanne était sereine comme toujours et Alfred était calme comme d’habitude, mais la mère ambitieuse vit dans ces attitudes naturelles une aurore nouvelle.

Quelques moments après, quand elle put s’approcher de son fils, elle lui chuchota :

— Bravo ! bravo !… mon grand !… tu auras le château, les prés et les bois… Ah ! tu es habile… tu es le fils de mon intelligence…

— Mais, maman…

— C’est bien, mon enfant… Tu reconnais au moins les sacrifices que tes parents ont consentis pour toi… Nous serons récompensés dans ta richesse future…

Heureusement pour Alfred sur des charbons ardents, M. de Fèvres et M. Lavaut venaient vers eux, et le dernier disait :

— De mon temps, les candidats étaient moins jeunes et cela n’en était que mieux… Aujourd’hui, un blanc-bec se présente, il aligne des phrases et les gogos sont gagnés à sa cause… Je ne dis pas cela pour Gémy qui