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Puis, changeant de ton, elle demanda en tournant le dos au peintre :

— Quels sont les tableaux que vous copiez ?

Ces demoiselles, heureuses de cette diversion, lui montrèrent leurs toiles avec force explications et des rires affectes.

Louise Darleul. cependant, ne perdait pas de vue le peintre. Elle le voyait qui d’abord penche sur son tableau sans le remarquer, avait relevé le front et contemplait Armelle.

Il la suivait des yeux, ne perdant pas un de ses gestes.

Louise regarda Cécile et lui désigna l’attitude du jeune homme. Il semblait qu’il eût perdu conscience de l’endroit où il se trouvait. Rien n’existait plus pour lui que cette jeune fille qui évoluait gracieusement entre les trois chevalets.

Elle fut attirée soudain par la puissance de ce regard et elle se retourna vers lui.

Ils tressaillirent tous deux en se trouvant face à face.

Presque inconsciemment, mue par un réflexe étrange. Armelle murmura doucement :

— Agal vous a-t-il mordu profondément ?

— Oh ! cela n’est rien du tout.

Il s’était levé brusquement pour lui répondre. Leurs visages pâlis attestaient de leur émotion, que les trois jeunes mies abasourdies devinaient sans effort.

Mais déjà Armelle s’était évadée de cette sorte de somnambulisme qui l’avait poussée a prononcer cette phrase. De gracieuse, pitoyable, inquiète qu’elle s’était montrée, elle redevint hautaine et mordante et elle articula :