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de ces préjugés, elle éloignait les meilleurs élans de sa charmante nature, pour se donner un air pincé de grande dame orgueilleuse.

La conversation ne dura pas. Le valet de pied annonça mesdemoiselles Célert, Roudalne et Darleul. Cécile s’avançait en tête et derrière elle, venaient Louise et Roberte.

Malgré les recommandations de Mlle de Saint-Armel aînée. Armelle glissa gracieusement à leur rencontre et s’écria gaîment :

— Que je vous sais gré d’être venues ! Cécile, protocolaire, salua Mlle de Saint-Armel aînée, et se tourna seulement après vers la cadette en disant :

— Vous avez été bien aimable de penser à moi. Ses deux compagnes imitèrent son exemple. Plus compassées que les maîtresses de la maison, les trois jeunes filles avaient laissé sur le seuil toute grâce et toute spontanéité.

— Je suis bien contente de vous voir, murmura Armelle. un peu déçue.

— Et nous, bien heureuses d’avoir été appelées près de vous.

Mlle de Saint-Armel aînée était ravie. Elle avait eu un peu peur de cette invasion extravagante et elle constatait que les jeunes invitées appréciaient l’honneur qui leur était fait.

À vrai dire, elles se trouvaient intimidées et voyaient venir le vent. Elles pensaient qu’il serait toujours temps de reprendre leur naturel.

Rassurée, Mlle de Saint-Armel aînée se souvint qu’elle avait une affaire à traiter avec sa femme de charge et elle laissa les jeunes filles seules.

Armelle dit gentiment :

— Je ne savais pas que je m’ennuyais,