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— Je suis ahurie de le voir si modeste, déclara Louise.

— Ce qu’on raconte de lui dans les journaux ne correspond pas à la réalité, murmura Roberte, il paraît d’une simplicité absolue. Il vient bien ici pour fuir le monde.

— Il pourrait rompre cette fuite en notre faveur, s’écria Louise… il n’est pas aimable.

— C’est-à-dire que nous ne lui plaisons pas ! prononça nerveusement Cécile.

Ses deux amies admirèrent sa franchise perspicace.

— Reviendrons-nous ? demanda Roberte.

— Il faut que nous nous vengions un peu… il nous a bernées en s’amusant. C’est notre tour… décréta Cécile.

— Bien pensé ! C’est toute justice… nous reviendrons demain.

Les trois amies plièrent bagages et retournèrent chez elles.

C’est ce jour-là qu’elles reçurent, de Mlle  de Saint-Armel, l’invitation à goûter avec sa petite-nièce, pour le surlendemain dimanche après les vêpres.

Les trois jeunes filles, chacune chez elle, ressentirent la même émotion qui pouvait se définir par la surprise, la joie et l’orgueil.

N’allait pas qui voulait chez les de Saint-Armel. À vrai dire, on n’y pensait même pas.

La situation de cette famille s’entourait d’un passé prestigieux, s’auréolait d’une si belle ascendance que les plus anciens de la ville en gardaient un éblouissement qui rayonnait sur les contemporains.

Bien que les jeunes générations n’entendissent plus grand’chose à ces sortes de déférences, la ville, ne se renouvelait pas assez pour ne pas garder à