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identité, reprit Roberte…il serait ennuyé toute la journée.

— Il a choisi une bonne petite ville tranquille pour se reposer, il savait bien que personne ne le trouverait là… il ne comptait pas avec moi ! poursuivit Jacques en se redressant fièrement.

Cécile restait songeuse. Toute la féerie de la gloire traversait son âme. Être adulée des foules aux côtés d’Émile Galota lui paraissait la vie la plus enchanteresse qui fût.

Elle se persuadait qu’elle était photogénique et elle ne doutait pas de son succès. Il fallait user d’adresse cependant, et ne pas jouer à la provinciale sotte.

Ses parents, elle en était certaine, s’opposeraient à sa vocation, mais quand elle serait la femme d’Émile Gatolat, tout lui serait permis. Leur union deviendrait une association magnifique. et le jeune cinéaste ne pourrait qu’être ébloui de l’aventure qui allait lui échoir, aussi blasé qu’il fût : une femme jeune, belle et riche qui gagnerait encore des millions.

Cécile rêvait et le monde lui appartenait.

Jacques dit :

— Mesdemoiselles, Je dépose mes plus fervents hommages à vos pieds. Je vous laisse à votre surprise. À vous de conclure si vous voulez poursuivre vos études de peinture.

Après ce trait, lancé dans un rire, le jeune homme disparut.

Les trois amies se regardèrent.

— Quelle circonstance extraordinaire ! s’écria Louise. Nous pensions à tout, sauf à cela ! Émile Gatolat parmi nous !

— C’est à n’y pas croire, murmura Roberte.