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qui ont su garder quelque autorité et elles ont permis seulement les cheveux coupés.

— C’est beaucoup.

— Ce n’est rien… elles vont au bal avec leurs parents et uniquement dans des maisons amies… elles n’y vont pas seules, comme c’est la mode et ne se font pas accompagner par des jeunes gens.

— Que me dites-vous là ! puis-je en croire mes oreilles ?

— Croyez… croyez… ces jeunes filles sont donc fort bien élevées. Elle se nomment Louise Darleul, Roberte Célert et Cécile Roudaine.

— Louise d’Arleul, avec particule ?

— Non. mademoiselle, sans quoi vous la connaîtriez.

— C’est maigre comme rang social.

— Oh ! mademoiselle ! je vous ai souvent mise en garde contre ces préjugés. Nous ne sommes plus des féodaux et il y a longtemps que ces démarcations de classe ne sont plus de mode. Puis, qui nous dit qu’un ancêtre de ces demoiselles n’a pas été aux Croisades ? et qu’un des vôtres n’a pas été, lui, un simple artisan ?

— Oh ! monsieur le chanoine !

— Pas d’orgueil, chère mademoiselle. Jésus était fils de charpentier et il s’en flattait. Vous avez le devoir de ne pas laisser s’étioler la petite enfant que vous avez recueillie, et il vous est défendu de vous arrêter devant des question aussi mesquines.

Ainsi admonestée, Mlle de Saint-Armel se retira, sans plus rien dire, un peu humiliée pourtant d’être obligée de faire des avances à des personnes de peu. selon elle Cependant, elle reconnaissait que la situation des fa-