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— Si vous n’y allez pas, nous ne pourrons guère nous y rendre… dit vivement Roberte.

— Pourquoi pas ?

— À deux seulement, ce serait gênant.

— Je n’aurai pas le temps, pour ma part, de peindre demain, déclara Cécile.

— Bon… nous prendrons donc rendez-vous pour après-demain.

Les trois jeunes filles restèrent de nouveau rêveuses, puis Roberte se leva en disant :

— Il faut que j’aille seconder maman… c’est son jour de réception.

Il n’était plus question du peintre. L’intérêt semblait s’être détaché de lui, et, cependant, jamais, il n’avait été plus près de leur esprit. Leur insuccès s’accentuait de dépit. Il fallait vaincre le beau ténébreux. Il ne serait pas dit que cet étranger passerait près d’elles sans les remarquer.


II


Dans un des vieux hôtels de la ville, habitaient M. de Saint-Armel, avec sa sœur Éléonore de Saint-Armel.

M. de Saint-Armel était veuf. Sa sœur était restée célibataire, parce que son fiancé, lui ayant trouvé un caractère intransigeant avait repris sa parole.

Cela avait été un grand scandale à l’époque. Mlle  de Saint-Armel en avait fait une maladie grave, dont on avait eu grand’peine à la sauver. Quand elle fut rétablie physiquement, elle garda la cruelle blessure d’amour-propre dont elle ne voulut pas se guérir.

Ses parents, ses amis essayèrent en vain de lui démontrer que cette aventure pouvait arriver à chacun. Elle se crut déshonorée.