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sur le seuil, puis se retira dignement.

— Mademoiselle votre tante ne parait pas satisfaite, hasarda Roberte.

— Ma tante n’aime pas la danse, répondit Armelle, tout animée par l’exercice.

— Que sera-ce quand elle vous verra entre les bras de votre cavalier ! s’écria Louise.

— Gontran Solvit sera-t-il des nôtres ?…demanda Cécile… Que devient-il ? Personne ne le voit, vous ne l’avez plus revu dans votre Parc, Armelle ?

— Je n’y suis pas allée depuis quelques jours…

— Il a disparu soudain comme une muscade, tant pis ! Il me plaisait. Je l’aurais bien épousé. Quelle élégance ! quel chic !

— N’en parlons plus ! c’est une étoile filante, s’écria Louise, coupant la parole à Cécile.

Le soir du bal arriva.

Armelle était tout anxieuse de revêtir sa robe. Son miroir lui renvoyait le visage d’une jeune fille pâle avec de grands yeux que creusait l’angoisse. Allait-elle revoir Gontran ? Que se passait-il de mystérieux dans cette absence et le sourire de son oncle ?

Un pressentiment incitait Armelle à penser que tout se dévoilerait dans quelques heures.

Quand sa femme de chambre lui eut passé sa toilette, elle se contempla.

Était-il possible que ce fût elle, cette belle jeune fille aux épaules nacrées ?

Il lui parut qu’elle était plus grande, plus grave, plus séduisante aussi.

Mlle de Saint-Armel vint voir ai elle était prête, et elle s’arrêta stupéfaite sur le seuil :

— C’est toi, Armelle ? formula-t-elle tout haut.