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— Réservons le blanc pour le jour du mariage, dit-il gaiment.

Armelle se laissa guider. Elle sortit de cette enceinte mondaine, tout étourdie mais heureuse. Elle se mira dans la psyché de sa chambre pour savoir si ces dames avaient menti.

Si elle ne convînt pas avec sa modestie d’être aussi délicieuse qu’on le lui avait fait entendre, elle conclut cependant qu’elle n’était pas désagréable à regarder.

Mais elle ne s’attarda pas à cette pensée.

Mlle de Saint-Armel aînée s’était enfermée dans ses appartements et ne reparut qu’au dîner. Son frère ne crut pas devoir s’apercevoir de son visage tendu, concentré, et il lui demanda avec affabilité :

— Je pense, ma sœur, que vous vous êtes occupée de votre toilette ?

— Non, mon frère… je n’irai pas à cette réunion de désœuvrés.

— Ma sœur, je vous serais reconnaissant de ne pas persister dans votre refus. Je vous emmènerai de gré ou de force.

— Oh ! s’exclama la pauvre demoiselle.

— J’espère ne pas être contraint à cette extrémité, reprit affectueusement le marquis, vous vous êtes toujours montrée à la hauteur de toutes les circonstances. et vous ferez face à celle-ci avec votre compétence habituelle.

Mlle de Saint-Armel était matée. Elle devina, sous la prière courtoise de son frère, un ordre comme elle n en avait jamais reçu. Elle estima que le cas comportait une gravité exceptionnelle et elle se dit qu’il fallait céder.

Elle exposerait donc aux yeux de ces plébéiens les diamants de la famille, dons de rois ou de grands seigneurs.