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— Je mettrai celle de ma première communion, s’écria Armelle, enchantée. Je n’ai pas beaucoup grandi depuis. J’y ajouterai une guirlande de roses pour « faire soirée », je la décolleterai un tout petit peu.

— Vous la laisserez telle qu’elle est ! interrompit Mlle  de Saint-Armel courroucée. Cette toilette d’innocence vous préservera des dangers que vous courrez dans cette cohue de perdition.

Tandis qu’Armelle était penaude, la marquis partit d’un franc éclat de rire, puis il prononça tranquillement :

— Ne nous singularisons pas par des innovations aussi excentriques. Je conduirai aujourd’hui même Armelle dans une excellente maison où on lui confectionnera une merveille. Je désire qu’elle soit parmi les mieux habillées.

Alors qu’Armelle devenait toute rougissante devant une pareille perspective, Mlle  de Saint-Armel passait par toutes les phases d’une agitation inouïe.

Son frère devenait-il fou ?

Armelle ne savait si elle rêvait. Le monde changeait tout à coup à ses yeux. Il lui semblait qu’elle sortait d’une chambre obscure pour se diriger vers une clarté bienfaisante.

Et, comme elle rapportait tout à Gontran, elle eut le pressentiment qu’elle le verrait à cette soirée et une douceur l’envahit.

Son oncle savait quelque chose. Aurait-il eu cet aspect calme et souriant, alors qu’il voyait sa petite nièce malheureuse ? Non… elle lui connaissait un cœur trop chaleureux pour la croire indifférent.