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— Si, ma nièce… notre nouveau préfet est arrivé ; il s’appelle M. Belgeard.

— Ce n’est pas intéressant, répliqua Mlle de Saint-Armel aînée… c’est encore un socialiste qui va faire augmenter les impôts.

— Il me semble, ironisa M. de Saint-Armel, que son prédécesseur, M. Colarot, était un homme charmant. Jamais Monseigneur n’a eu autant d’argent pour ses pauvres, et jamais préfète n’a été plus zélée pour les œuvres.

Mlle de Saint-Armel ne répondit pas.


X


— Oui. chère Armelle, nous sommes enchantées, il paraît que nos préfets, mari et femme, sont charmants. Pour faire connaissance de la société de la ville, ils donnent une réception avant de s’installer. Vous entendez bien : avant de s’installer ! Pour qu’on ait la place libre pour danser. Est-ce assez intelligent !

Louise Darleul parlait.

Cécile renchérit :

— Au lieu de meubler… ils reçoivent avec les chaises officielles. C’est nous qui, en dansant, enlèveront la poussière des prédécesseurs. C’est bien trouvé.

— Heureusement que les nuits sont encore fraîches !

— Moi, je danserais dans un bain de vapeur, s’écria Louise. Et vous, Armelle ?

La jeune fille fut obligée d’avouer qu’elle n’avait jamais dansé.

Ce furent des exclamations de pitié.

Où Armelle aurait-elle dansé ? Sa tante ne voulait pas de ces plaisirs « diaboliques », et, de plus, fréquenter une société qu’elle ne trouvait pas digne d’elle lui eût causé un malaise.

Armelle aurait bien voulu assister à