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Gontran Solvit est celle de son temps.

Mlle de Saint-Armel ne put rien répondre. Ses paroles s’étayaient sur des faits périmés qu'elle invoquait avec un entêtement non raisonné.

Elle eut l’air pincé et se retira.

Pendant deux jours, la maison fut silencieuse. Armelle ne voulait cas sortir. Elle se promenait dans le jardin autour de l’hôtel et causait avec Agal.

Elle attendait quelque chose ou quelqu'un, À son réveil, elle se disait :

— Sera-ce pour aujourd’hui ? Que devient Gontran ? Je ne sais ce qu’il fait, mais je suis sûre qu'il ne m’oublie pas.

Elle pâlissait quand elle songeait qu’elle lui avait causé de la peine.

Étouffer son cœur à soi, pourquoi ? Dieu n’avait-il pas institué le mariage ? Pourquoi sa tante ne comprenait-elle pas ce point de vue de la religion ? Elle allait dans le jardin, pensant à ces choses. Le soleil était plus chaud, l’air moins animé. Les fleurs semblaient assoupies, mais l’hymne de la vie triomphait en Armelle.

Elle s’enfonça dans un allée où flétrissaient déjà les lilas, où les thyrses des marronniers roses se ternissaient, alors que les grappes des cytises brillaient encore sous les rayons.

Aimer, était-ce se sentir si légère, si généreuse, si charitable ? Armelle eût comblé de trésors tous les malheureux. Elle se surprenait à être plus humaine, plus douce, plus indulgente aussi envers les miséreux. Ses yeux erraient sur les choses avec plus de compréhension.