conversation. Mlle de Saint- Armel aînée était enfoncée dans un fauteuil et elle méditait sans doute sur les travaux futurs que donneraient ces parcs.
Elle fut arrachée à ses pensées par une question d’Armelle :
— Ma tante, peut-on se délier d’une promesse ?
— Cela dépend, ma nièce.
La jeune fille se tut. Elle aurait voulu que sa tante devinât de quelle promesse il s’agissait.
Mlle de Saint-Armel aimait traiter les questions à fond, aussi demanda-t-elle :
— De quelle promesse est-il question ?
— Ma tante, je vous ai promis, reprit Armelle courageusement, de faire souffrir un homme.
— Oui, mon enfant, et tu as tenu parole.
— Je crois, ma tante, que cela n'a servi à rien. M. Gontran Solvit n a pas l’air de souffrir du tout… Il sort d’ici et son visage était rayonnant.
— Comment ! il a eu l’audace de revenir, sans être intimidé par sa conduite ?
Il arborait même un petit air de bravade. Oh ! pas avec moi, mais avec les murs, si je puis ainsi dire.
— Que prétends-tu là ?
— C’était mon impression.
— A-t-il voulu se justifier ?
— Il ne l’a pas tenté. Si j’ai bien compris, il ne se tient pas pour battu et conserve sur moi son droit de fiancé.
— C’est effrayant ! C’est un malheur ! Je vais le dénoncer à la police. Que voit-on de nos jours… et son autre fiancée ?