par conséquent, ta sympathie pour lui a dû périr d’un seul coup…
— O…ui, ma tante.
— Les hommes ont des âmes néfastes, et Dieu les a créés sans doute pour punir les femmes d’avoir trop de cœur…
— Je… je croyais, bégaya Armelle, que les femmes avaient été créées après les hommes, afin que ceux-ci aient une compagne…
— Oui… c’est vrai… que veux-tu, le Bon Dieu a cru bien faire ! mais ces hommes sont si rusés, qu’ils ont trompé, même leur Créateur, et, depuis, ils trompent tout le monde.
— Que vais-je devenir, ma tante ?
— Quelle bizarre question ! Tu vas sécher tes larmes et ne plus penser à ce sot personnage.
Ce fut en vain que la malheureuse Armelle essayait de tarir ses pleurs.
Elle évoquait sans cesse l’aimable Gontran à côté d’une jeune fille blonde.
Elle se regardait dans son miroir : « Il me semble que si je n’avais pas les yeux rouges, je serais assez jolie. Pourquoi m’a-t-il dit qu’il m’aimait ? »
Le marquis interrompit ces pénibles moments en faisant demander à sa nièce si elle voulait l’accompagner au Parc.
Au Parc ! cet endroit enchanteur ne plaisait plus à Armelle. Trop de souvenirs, si doux quelque temps auparavant, si durs maintenant, s’y rattachaient. Pourquoi irait-elle semer sa cuisante mélancolie sous ses arbres, au milieu de ces fleurs ?
Elle ne désirait plus que le calme dans la pénombre.
Mais le marquis de Saint-Armel était tenace et il vint lui-même réitérer son offre.