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Pourquoi donc était-elle jalouse, puisqu’elle lui avait affirmé qu’elle ne voulait pas se marier ?

Sans doute la croyait-il changeante. Il ne pouvait s’imaginer qu’elle ressentait pour lui un amour indéracinable et qu’elle avait menti en proférant ces paroles effarantes.

— Armelle, pourquoi ces larmes ? demanda sa tante, entrée sans bruit.

— Ah ! ma tante, que vous aviez raison ! tous les hommes sont fourbes. Hier encore, M.  Gontran Solvit me jurait fidélité, se refusait à croire que je lui rendais sa liberté… et aujourd’hui…

Les pleurs, de nouveau, suffoquèrent la jeune fille et elle ne put continuer.

— Aujourd’hui ? questionna Mlle  de Saint-Armel avec autorité.

— Il est fiancé !

La bonne demoiselle resta un moment sans souffle, tellement la stupéfaction l’étourdissait. Puis, avec un mépris impitoyable, elle dit :

— Et c’est « ça » que nous recevions dans notre demeure ! à qui nous faisions l’honneur de tendre la main… à qui nous laissions croire à des fiançailles ! Avais-je tort, ma nièce ?

— Non… ma tante !

Armelle se jeta toute frissonnante dans les bras de sa parente.

— Non, ma tante, répéta-t-elle avec force, vous n’aviez pas tort… Les hommes sont des êtres malfaisants, des êtres que l’on connaît mal et qui se nourrissent du pauvre, faible cœur des jeunes filles.

Armelle sanglotait éperdument.

— Je suis surprise de te voir pleurer… Je suppose que tu n’aimes plus ce manant ?

— N…on, ma tante…

— Il n’était pas digne de toi, et,