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l’ombre bleue, les rayons dorés, les feuilles caressées par la brise lui paraissaient des splendeurs qu’il n’avait pas assez admirés.

Il dit avec ardeur :

— Je ne puis songer à ce Parc, sans me croire transporté dans une île imprévue. Jamais je n’ai vu tant de couleur. de beauté et d’harmonie. Ah ! que ne puis-je vous taire partager mon enthousiasme ! Mais vous n’aimez pas la peinture.

— Je l’aime ! murmura Armelle, en plongeant son franc regard dans le regard de celui qui l’aimait.

Il tressaillit, pris d’un émoi soudain. Que voulaient signifier ces paroles ? Devait-il croire à une félicité future ? Les phrases du chiromancien lui revinrent en mémoire. Avait-il vu juste ?

Il s’enhardit.

— Que j’aimerais, dans ce décor, causer avec vous, échanger des idées, apprendre à connaître votre âme !…

— Ce sera très facile, risposta Armelle en riant légèrement.

Jamais Contran ne t’avait entendue rire avec autant de franchise et de grâce et il ne revenait pas de sa surprise.

Ce bref aparté fut interrompu, parce que le frère et sa sœur reprenaient leurs rôles de maitres de maison.

La conversation redevint générale mais Gontran conservait une irradiation dans le visage et Mlle de Saint-Armel le remarqua. Elle eut un sourire.

Quand l’artiste se leva pour s’en aller, elle le retint et, comme il alléguait des lettres urgentes à terminer, elle le pria de revenir à un jour proche.

Gontran Solvit était dans l'enchantement. Il marchait sur des nuées et