Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

feras les honneurs. Il paraît que l’on procède ainsi maintenant. De mon temps, le maître d’hôtel s’occupait de ces choses, mais j’ai oui dire que la jeune fille de la maison l’aidait au service. Drôles de mœurs. Je suppose que c’est pour mieux accaparer les hommes. En offrant les gâteaux, on peut lancer des œillades.

Armelle ne releva pas ces remarques Elle eut a peine le temps de jeter un coup d’œil rapide sur sa toilette. Sa tante l’emmena rapidement, estimant tout apprêt superflu. Elle ne mettait pas une seconde en doute que sa nièce ne plût. En quoi, elle n’avait pas tort.

Ces dames surgirent au milieu d’un débat courtois sur les verreries de Venise.

Mlle de Saint-Armel aînée s’avançait la première. Elle prononça tout de suite :

— Je juge que vous seriez bien aises tous les deux, de prendre un peu d’orgeat avec un biscuit.

Gontran Solvit ne répondit pas, parce qu’Armelle, les yeux levés vers lui, arrivait de son pas dansant.

Avec le plus de naturel qu’elle put. elle le salua en lui tendant la main. Geste hardi quelle légitimait en vue de fiançailles futures.

Puis, elle dit simplement :

— Ma tante, le sirop d’orgeat est périmé… je crois que la vogue est au Porto.

— Bravo, ma nièce ! s’écria le marquis avec un sourire.

Mlle de Saint-Armel aînée, effarée devant un tel à-propos, lançait sur sa nièce des flèches aiguës qui ne l’atteignaient pas.

— Je vais m’en occuper, d’ailleurs, reprit la jeune fille en disparaissant.

Si M. de Saint-Armel s’étonnait du