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fauteuils hospitaliers, discouraient déjà sur des sujets d’art.

— Bonjour, monsieur…

— Mademoiselle, j’ai l’honneur de vous présenter mes respects.

Mlle  de Saint-Armel laissa debout le visiteur, ne s’assit pas elle-même, et demanda d’une voix flûtée :

— Vous avez quelque service à nous demander, monsieur ?

— Pas le moindre, mademoiselle.

Le marquis prit la parole :

— J’ai prié Monsieur de venir chez moi, et la visite qu’il veut bien me faire me comble d’aise. C’est un rare bonheur pour moi que de recevoir un artiste…

— Mais, mon frère, c’est un honneur aussi que d’être reçu dans notre demeure.

— Je me demande en quoi ! riposta le marquis en riant… Nous sommes les gardiens d’un nom… c’est tout…

— C’est tout… répéta Mlle  de Saint-Armel avec l’insouciance que son frère y avait mise, je trouve que c’est immense… Vous êtes bien dédaigneux, mon frère, pour notre gloire. Venez, monsieur, pour que je vous montre celui qui fut notre glorieux ascendant… Vous comprendrez peut-être l’orgueil d’un nom et le prestige d’un passé.

Les mots étaient lancés avec une hauteur déconcertante, mais le jeune homme ne fut nullement intimidé. Il contemplait Mlle  de Saint-Armel comme si elle eût été un tableau. Sans doute y voyait-il un sujet de choix.

Elle fut choquée en remarquant qu’elle ne semblait avoir produit aucun effet sur cet incorrigible philistin.

« Quel aplomb ! pensait-elle, il ne baisse pas les yeux devant moi…ah ! la jeunesse d’aujourd’hui est pleine