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— Certainement, monsieur…

Une poignée de main, une profonde inclinaison devant Armelle. et Gontran Solvit prit congé des promeneurs.

L’enchantement avait cessé. Armelle se réveillait d’un rêve.

C’était là, l’homme qu’elle devait faire souffrir… Quel autre venait dans la demeure ?… Aucun…

Pourquoi celui-là ? pensait-elle… Pourquoi n’avons-nous pas, parmi nos relations, un jeune homme susceptible d’être épousé et que je n’aimerais pas ? Mais ma tante est si difficile pour les personnes que l’on pourrait recevoir, que nous ne voyons nulle âme…

Tristement, elle rentra dans la demeure.

— Ma tante, pourquoi n’invitez-vous personne à venir nous voir ?

— Mais, Armelle, n’ai-je pas brisé les traditions, en priant des jeunes filles à venir te tenir société ?

— C’est vrai, ma tante, et je vous en remercie, mais pourquoi leurs frères ne les accompagnent-ils jamais ?

— Seigneurs !… quelles sont ces idées pernicieuses ! dois-je comprendre que tu voudrais recevoir ici des jeunes gens qui sont sans doute dépravés, impies, moqueurs…

— Mais, ma tante, interrompit Armelle. vous les habillez ainsi et ils sont peut-être fort gentils… Vous désirez que je sois fiancée et je ne cause jamais avec un jeune homme ! Je ne sais comment j’atteindrai mon but. Il faut que je choisisse un candidat, laid, sot, fat, insupportable, afin que je ne sois pas tentée de l’aimer.

— L’aimer !… tu as des tours étranges de conversation… Aimer un homme !

— Ma tante… n’avez-vous pas aimé