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— Maman, M.  Gontran Solvlt est ici… nous allons lui offrir à goûter.

— Ton père est là ?

— Naturellement… il lui montre sa collection.

— Alors, je serai de trop… ne me force pas à quitter ma chaise-longue… mon livre est captivant.

— Maman… tu viendras, pour Gontran Solvit ?

— Qui est-il donc ?

— Le Prix de Rome de peinture et de sculpture.

— Cela m’est égal… je ne peins, ni ne sculpte.

— Mais ta fille ambitionne d’être la femme d’un artiste.

— Tu as des goûts extraordinaires !

— Habille-toi, maman.

— Non.

— Je voudrais que tu tisses quelques grâces à ce monsieur.

— Pourquoi… tu veux vraiment en faire un mari ?

— Oui.

Mme  Roudaine réfléchit, puis elle conclut :

— Tu n’as pas besoin de moi pour attirer ce jeune homme (je suppose que c’est un jeune homme) dans tes filets. Je serais plutôt gênante. Ou je parlerai, et tu ne pourras pas taire son siégé, ou je ne dirai rien et j’aurai l’air d’une sotte.

— C’est tout à fait exact ! s’écria Cécile.

— Je reste sur mon lit de repos. Bonne conquête ma fille ! Les enfants de ce temps n’ont plus besoin de leurs parents.

— Tu as raison maman ! Tu es la plus moderne des mères ! s’écria Cécile joyeusement.

Elle disparut et donna des ordres