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— Oui, monsieur.

L’entretien se poursuivit et M.  Roudaine, comprenant bientôt qu’il parlait à un artiste éclairé, lui proposa de lui montrer sa vieille demeure où s’entassaient des « morceaux » de quelque valeur.

Gontran Solvit n’avait que cela à faire. Il ne connaissait pas le nom de son interlocuteur, pas plus que ce dernier ne se doutait du sien, mais, entre artistes, ces détails n’avaient nulle importance. Attirant le jeune homme dans son orbe, il l’avait introduit chez lui.

Tout de suite, Gontran avait été séduit par le charme du lieu et il en félicita son compagnon.

— Ma maison ne vaut pas l’hôtel des de Saint-Armel, avoua franchement le maître de céans : puis je n’ai pas de goût… mes ancêtres en ont eu pour moi. Je laisse les choses en l’état puisqu’on me dit que c’est bien, et je n’ai garde de vendre mes Louis XIV pour acheter du Louis-Philippe qui revient à la mode, parait-il. Mais ce que j’ai à vous montrer est autre chose. Je suis pour les babioles et elles sont de mon choix.

Il entraîna Gontran Solvit dans une pièce où, sous des vitrines, s’étalaient des objets de prix.

— Ce sont des cristaux, des émaux, des bronzes… voyez ce poignard avec sa fine ciselure… ce Christ d’ivoire qui date du XVe siècle.

Gontran admirait, quand la porte s’ouvrit :

— Bonjour monsieur.

Et gaiment, Cécile, avec un sourire séduisant, tendit la main au peintre.

— Vous vous connaissez ? demanda le père surpris et joyeux.

— Très peu. J’ai rencontré M.  Gon-