avons une, nous devons la défendre, c’est notre droit.
— Je n’ai plus de cadette, gémit Mlle de Saint-Armel, je subis les leçons d’une enfant qui veut être mon égale.
— Nullement, bonne tante, je vous exprime une simple idée. Je suis toujours soumise à vos intentions, mais je sais que si j’avais un fiancé je ne lui demanderais pas le sacrifice de sa cigarette… Ne voyez là rien d’irrespectueux.
Mlle de Saint-Armel était suffoquée. À peine pouvait-elle parler. Elle murmura pourtant :
— M. le Chanoine s’est bien trompé. Il a cru que ces trois jeunes filles étaient inoffensives, mais ce sont des démons de perdition…
— Ne les accusez pas, ma tante… Ne vous en prenez qu’à mon caractère qui se transforme. Une heure arrive où la personnalité s’accuse.
— Ton oncle sera prévenu de ces faits nouveaux.
Mlle de Saint-Armel aînée ne perdit pas de temps.
Le soir, alors que le trio se tenait dans le salon, quelques instants avant d’aller prendre du repos, la chère demoiselle dit à son frère :
— Je regrette de vous déranger dans la lecture de votre quotidien, mais j’ai des choses bouleversantes à vous apprendre.
— Je suis tout entendement, ma sœur. Votre visage me paraît en effet assez affaissé. Je suis désolé de vous voir aussi agitée. M. le Chanoine aurait-il posé sa barrette de travers ?
— Trêve de plaisanterie, monsieur mon frère. Je sais combien votre esprit se complaît à traduire en gaîté les incidents les moins frivoles, mais