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— Oui, ma tante,

— C’est monstrueux ! à quoi pensez-vous ! qui vous a acheté des cigarettes ? Voulez-vous me voir mourir en constatant ce scandale ? Vous devenez dangereuse ! quel serpent nourrissons-nous, Seigneur Dieu !

— Je vous en prie, ma tante, ayez la bonté de vous calmer.

— Me calmer ! ma vie est brisée !

— Mais non. votre santé est excellente… Laissez-moi vous expliquer et ne vous agitez pas ainsi… j’ai essaye de fumer une cigarette pour savoir quelle était l’impression qu’on en avait.

— Vous êtes inouïe, ma nièce, et vous irez loin dans vos études, si vous vous mêlez de rechercher des impressions. Je ne vous ai jamais défendu dé fumer parce que je n’aurai jamais cru que vous vous le permettriez. Mais maintenant, je vous ordonne de ne plus toucher à une parcelle de tabac.

— Bien, ma tante.

— Je vais prévenir immédiatement votre oncle de ce scandale, et j’espère que dans sa fermeté d’homme il saura vous blâmer de cette inconvenance.

Armelle resta un moment, les yeux baisses, puis elle murmura :

— Ma tante, je ne parviens pas a comprendre pourquoi vous avez fait grief à votre fiancé, de fumer…

— Ciel ! qu’est-ce qu’il m’est donne d’entendre ! c’est ainsi que vous êtes contrite ?… Ainsi vous accueillez ma réprimande par une impudence plus grande encore !

— Ma tante, je ne me sens nullement inconvenante… vous m’avez fait l’honneur de me prendre pour confidente. Vous m’avez expose votre manière de penser, j’y réponds par la mienne. Nous avons tous une opinion, c’est notre devoir, et quand nous en