Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le Chanoine, par exemple, qui est si gentil.

— Ces messieurs ne sont ni fiancés, ni maris, donc ils ne peuvent être méchants…

— Quoi, ma tante, voudriez-vous insinuer que seuls sont cruels les hommes mariés ?

— Oui… c’est-à-dire non… je…

La bonne tante, qui s’apercevait de son étourderie, s’arrêta un peu court.

Armelle en profita pour reprendre.

— Alors, ma tante, ce sont donc les femmes qui les rendent méchants ?

— Comme tu deviens raisonneuse, ma petite ! De mon temps, les jeunes filles se contentaient de croire leurs ainées et elles ne poussaient pas l’impertinence jusqu’à poser des séries de questions.

Mais ce jour-là, Armelle était dirigée par un génie plein de malignité et elle poursuivit :

— Je me demande si M.  le Chanoine, marié, arriverait à rendre sa femme malheureuse ?

— Armelle ! vous divaguez, ma fille ! L’indignation rendait pourpre le visage de Mlle  de Saint-Armel. Elle reprit, courroucée :

— Comment osez-vous évoquer une semblable perspective ! vous venez de commettre presque un sacrilège, a tout le moins un péché… Une fille bien née n’a pas à s’occuper de ce qui pourrait être, surtout à l’endroit de personnages vénérés…

— Pardon, ma tante… Devrais-je me confesser pour cette faute ?

— Comment formulerai-je ce péché ?

Je serai fort embarrassée et honteuse…

— Tant mieux, cette humiliation vous sera profitable.