Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ces réflexions l’accablaient.

Pendant deux ou trois jours, elle resta silencieuse et Mlle de Saint-Armel se demanda si elle n’avait pas été imprudente en donnant des amies a sa petite-nièce. Sans doute, ces jeunes bourgeoises avaient-elles énoncé des idées subversives qui faisaient travailler l’imagination d’Armelle. Cependant, elle questionnait la jeune fille sur les Conversations tenues et elle n'y remarquait rien d’anormal.

Malgré toute sa curiosité en éveil, elle ne s’aperçut pas non plus du parfum de tabac que ces demoiselles avnmt laissé derrière elles.

Armelles, du reste, avait pris soin de vaporiser largement le salon d’eau de Cologne.

Sa tante ne sut que dire :

— Ces jeunes filles se parfument beaucoup et ce n’est pas très correct.

— Oh ! ce ne sont que des senteurs de fleurs et c’est si agréable… On dirait un Jardin dans la maison…

— Mais ces parfums attirent l’attention et entraînent à la mollesse… Je me sens des nausées…

Armelle ne répondit plus rien, heureuse de voir que l’incident n’avait pas de suites plus graves.

Un jour qu’elle travaillait sagement à une tapisserie au petit point, auprès de sa tante, elle dit presque inconsciemment :

— Ce que je ne comprends pas, c’est que tous les hommes soient méchants, à part mon oncle…

— Il n’y a rien à comprendre, il faut croire… C’est comme un mystère, on ne peut l’expliquer, c’est une vérité…

— Cependant, ma tante, les prêtres sont des hommes et ils sont bons… M.