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Quand elle rentrerait, elle lui ferait un compliment bien tourné.

Elle dit :

— Pourquoi nous avoir tu votre nom ? La société eût été honorée de vous recevoir…

— Je vous remercie pour cette bonne pensée, riposta vivement Gontran, mais je ne voulais pas avoir mes journées prises… Je suis venu ici pour des études de coloris… Puis ces arbres séculaires m’ont tenté… Vous n’ignorez pas qu’un artiste est sensible à toutes les beautés…

Cécile Roudaine aurait pu prendre ces paroles pour elle, si le regard de Gontran Solvit ne se fût pas dirigé vers Armelle.

À son tour, elle regarda la jeune fille et la vit rouge comme une pivoine.

« J’ai été stupide, pensa-t-elle, d’amener Mlle de Saint-Armel à connaître ce peintre… Si je n’avais pas eu cette idée biscornue de la conduire au musée, cet artiste ne l’aurait Jamais vue, et je suis sûre qu’il m’aurait aimée… Mais, je m’abuse… Ils s’étaient déjà rencontrés, puisque le chien a foncé sur cet intrus… Ce chien a donc été plus stupide encore que moi… Maintenant, il faudra que je manœuvre adroitement… Épouser un peintre déjà glorieux, habiter Paris, me séduirait… »

Cécile brassait ces aperçus divers tout en souriant aimablement aux uns et aux autres.

Ses deux amies, un peu décontenancées par la notoriété du peintre et par la désinvolture qu’elles avaient affichée vis-à-vis de lui, perdaient leur assurance coutumière.

Quant à Armelle, son embarras était pénible. Elle s’en voulait de n’avoir pas révélé à ses compagnes que le