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Armelle était effarée et inquiété. Si sa tante revenait inopinément ?

— Ma chère, prononça Louise Darleul, vous feriez bien de vous marier… En avançant en âge, vous finirez par ne plus avoir de personnalité… Mlle  de Saint-Armel me paraît autoritaire, et vous allez vivre de plus en plus dans son ombre…

Comment Louise Darleul osait-elle dire tout haut des paroles semblables ?

— Oui. mais se marier, quelle affaire ! lança Cécile… J’ai des partis c’est sûr, mais pas un ne m’agrée… Je voudrais un mari qui ait une certaine surface… Je ne veux pas un de ces pauvres indécis qui sont à la remorque d’une femme…

— Moi, cela m’est égal, pourvu que mon mari m’aime, avoua modestement Roberte.

— Puisque l’on exprime son opinion, reprit Louise, j’estime que l’on peut choisir son mari quand on consent à un mariage de raison, mais quand on prétend conclure un mariage d’amour, on ne regarde à rien… et seul vous conduit l’amour…

Armelle n’en pouvait croire ses oreilles. Ces jeunes filles prononçaient le mot amour avec une autorité un sans-gêne incroyables. L’apparence timorée quelles avaient disparaissait totalement.

— Il n’y a que vous, Armelle qui n’ayez pas mis à jour votre manière de penser sur l’hymen, dit Cécile… Comment concevez-vous cet état ?

— Je n’y ai pas encore songé, murmura Armelle, qui ne voulait pas dévoiler ses inquiétudes à ce sujet.

— Oh ! la bonne plaisanterie ! s’écria Louise.

— Vous n’allez pas nous faire croire