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rait fait prés de Mme  Barolle et qu’il essaierait d’une récompense plus délicate.

Il demanda :

— Quel est cet homme ?

— Son nom. Je ne le connais pas… Il vient depuis peu à la maison… il est honnête, mais je ne sais ni son adresse, ni ses occupations… Je le crois un peu dérangé de cerveau, mais il ne nuit à personne…

— Il n’a pas voulu que je le paie !

— Cela lui arrive quand les personnes lui plaisent ; il n’est pas un homme d’argent quand il a son nécessaire… De plus, il est assuré d’un repas ici quand il le veut…

— Que de braves gens dans cette ville !

L’optimisme revenait en Gontran Solvit. Un rayon a traversé sa douleur qui lui parait exagérée. Tout le monde est redevenu aimable. Il passe devant un miroir et s’y voit transforme. Il y a là un miracle. Une clarté merveilleuse luit dans son cœur et irradie son visage. Il ne pense plus à la cruelle repartie d’Armelle. C’était un enfantillage. une peur puérile devant sa tante.

« Une jeune fille me rend mon amour », murmurait-il en soi, comme un chant. Qui serait-ce si ce n’était elle ? Je l’ai vu dans ses yeux si purs et si sincères… elle m’aime. Je le crois… Pourquoi cet homme me l’aurait-il dit, lui qui ne me connaît pas ? »

Ainsi pensait Gontran dans le beau soir de printemps. Il avait juré qu'il ne retournerait pas au Parc, et maintenant, il lui semblait que la nuit ne passerait jamais assez vite pour atteindre les heures où, de nouveau, il rentrerait dans l’attirant jardin où il voulait conquérir sa fiancée.