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ne sentait nullement ce que la situation comportait d’étrange.Ill ne prêtait nulle attention au langage choisi du miséreux. Il ne voyait que sa douleur en face de la réponse décourageante d’Armelle.

Il avait tellement besoin de réconfort, qu’il ressemblait à un noyé saisissant n’importe quelle branche pour sortir de l’eau. Il ne regardait plus la qualité du consolateur et ne retenait que ses paroles.

Il n’était plus qu’un pauvre malheureux ayant besoin d’espérance et il oubliait que celui qui le lui apportait était un chemineau presque sordide. Il ne le considérait plus comme un importun qui cherchait à gagner sa vie, mais comme un esprit clairvoyant qui lui promettait la félicité.

Il balbutia :

— Ah ! mon brave, vous me faites du bien…

Le chiromancien affecta un maintien indiffèrent. Il voulait ne pas paraître s’intéresser plus intimement à la vie de son client d’occasion.

Il se leva pour prendre congé.

Gontran Solvit redevint lui même Rapidement il touilla dans sa poche et en retira un billet. Son visage était redevenu presque joyeux.

L’homme le contempla. Gontran lui tendit l’argent.

— Non, monsieur, merci, j’ai de quoi dîner ce soir… Avec un artiste, j’ai travaille pour la gloire… Je suis heureux d’entrevoir que je vous ai rendu l’énergie que vous sembliez avoir perdue.

Puis, d’un pas vif. avant que Gontran eût pu revenir de sa surprise. Il disparut.

Le jeune homme se défendit de le rejoindre. Il pensa qu’il se renseigne-