— Je vous attendais… M. Solvit n’est pas rentré… il ne va pas tarder… Prenez place, là… vous m’excuserez… je vous traiterai un peu familièrement…
— C’est convenu…
Le misérable s’assit sur une banquette, mais il n’eut pas le loisir d’y méditer longuement.
Gontran Solvit parut.
Le « pauvre » se leva et quand le jeune homme passa devant lui, il l’arrêta pour lui dire :
— Voulez-vous que je vous prédise l’avenir, monsieur ?… croyez-vous à la chiromancie ?
Gontran Solvit l’écarta de la main. L’autre insista.
— Monsieur, c’est une science intéressante, vous serez surpris de ses imprévus… Un homme intelligent aimerait contrôler les événements de sa vie avec la conformation de sa main…
— Je n’aime pas les importuns…
— Où voyez-vous que je vous importune ? Je suis un homme qui exerce un métier honorable qui ne m’a pas enrichi… Je vis de peu, mais je préfére vivre de cet art… Je vois déjà rien qu’à la forme de votre main, que vous êtes un artiste… vous vous servez peut-être de votre talent… Pourquoi ne vivrais-je pas du mien ? J’ai étudié à fond la science dont je gratifie ceux qui veulent bien me consulter. Nombreuses sont les mains que j’ai examinées… et j’ai des attestations affectueuses concernant certains travaux.
Le chiromancien barrait le passage à Gontran qui, lassé, amusé, se laissa faire.
Il s’assit sur la banquette en s’écriant :
— Il ne sera pas dit que j'aurai