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geste qui le laissera espérer… Mais ce petit oisillon d’Armelle songe qu’elle doit venger sa tante en trouvant tous les hommes des vauriens… Il ne s’agit pas de manquer de parole ! Sapristi ! quelle tâche ! »

Armelle ne bougeait pas. Elle n’osait plus jouer avec l’enfant de crainte d’accuser des capacités maternelles. Il ne fallait pas montrer à cet étranger qu’elle eût voulu se marier pour être entourée d’une famille.

Elle dit :

— Je vais reconduire Jean à sa maman.

C’était le fils du chef jardinier. Elle s’en alla en courant et on la vit disparaître au détour d’une allée.

Gontran lança un regard désespéré au marquis. Ce dernier n’y répondit pas, ne pouvant encore engager sa responsabilité de quelque manière que ce fût.

Mlle de Saint-Armel poursuivit sur le thème en train :

— Dans nos familles, la vocation religieuse est notre bonne manière de servir la France… les représentants de notre race sont militaires et les femmes se marient peu.

— Mais, prononça Gontran doucement. il est utile pour votre race de fonder des foyers, sans quoi elle irait en quenouille…

— Oh ! il y a des femmes, même parmi les nôtres, hélas ! qui ont la folle du mariage… Moi-même je me serais sacrifiée pour la cause d’une descendance, si je n’avais eu la mauvaise chance d’avoir un fiancé d’un égoïsme inhumain… Notre nièce, par bonheur, a parfaitement compris que le calme, la paix sont dans le célibat…

— Ma sœur, interrompit le marquis, vous avancez là pour notre petite