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Se forçant à rire, il dit :

— Vos théories peuvent se soutenir, mais du moment que le don de reproduire des splendeurs nous a été donné, je présume qu’il possède une utilité. Les choses passent, et l’on est heureux, à mesure que coule la vie, de tracer de manière indélébile des vestiges d’une civilisation, d’un paysage, d’un maître… qui aurait connu Rubens, Michel-Ange. Poussin et tant d’autres, si nous n’avions leur peinture pour nous éclairer sur eux et leur époque…

Mlle  de Saint-Armel aînée ne pouvait guère répondre :

« Je soupçonne un danger dans votre présence et ne vous attendez pas à ce que je sois aimable pour vous… Je vous découragerais certainement. Ne comptez pas non plus sur ma petite nièce, dont vous n’êtes par l’égal d’abord, et qui ne veut pas se marier ensuite. »

Si la bonne demoiselle ne proférait pas ces pensées, son visage les trahissait et Gontran se disait : « Je ne suis pas attendu dans ce fortin… je suis l’ennemi… Hors le chef de famille, je suis mal vu ici et je serais facilement jeté par-dessus bord… Quant à la délicieuse Armelle, son attitude est mystérieuse… elle a des yeux ravissants qui tentent d’exprimer des sentiments aimables démentis par ses paroles… Il y a là une énigme qu’il me faut déchiffrer… »

— Votre chien est-il devenu plus raisonnable mademoiselle ? demanda Gontran d’un air joyeux.

— Quoi… quoi ?… bégaya Mlle  de Saint-Armel ! aînée, avez-vous donc été mordu aussi par Agal ?

— Je crois bien qu’Agal était son nom… dit sereinement le jeune homme.