Page:Fiel - Épreuves maternelles, 1930.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
ÉPREUVES MATERNELLES

Mais Mme Dutoit ne soupçonnait rien, heureusement pour Denise.

Le lendemain, vers huit heures, alors que Vincente allait sortir pour ramener un serrurier, elle se trouva, quand elle ouvrit la porte, en face de Marie Podel.

— Quoi !… c’est vous ?

— Mais oui.

— Eh bien, je croyais ne plus vous revoir.

— Vous vous êtes trompée, dit Marie de sa voix douce.

— Vous êtes tout de même une drôle de femme ! vous nous plantez là au moment d’un dîner, pour nous mettre dans un embarras sans pareil ! On n’a jamais vu ça ! Qu’est-ce qui vous est arrivé ?

— Ce serait bien long à expliquer, murmura Marie, d’une voix assourdie.

— Rose m’avait pourtant certifié que vous étiez très bien et pas du tout à caprices.

Denise ne répondit pas à cette phrase et demanda si elle pouvait parler à Mme Dutoit.

— Il est encore un peu tôt. Mais, répondez-moi un peu en attendant… Vous avez eu peur, hier, parce que vous avez entendu des plaintes ?

— Pas du tout, ma curiosité seule était éveillée.

— Ah ! bon… c’est parce que nous avons cru que vous aliiez faire une dénonciation à la police.

— Quoi ? s’écria Denise abasourdie.

— Mais oui, nous attendions le commissaire.

— C’est invraisemblable !

— Alors, je me demande pourquoi vous êtes partie si vivement, en disant que vous étiez malade, attendu que vous n’étiez pas dans votre chambre. Madame a cru, vous ne vous fâcherez pas si je vous le dis ?

— Pas du tout.

— Bon. Madame a cru que vous nous aviez volés… et que vous étiez partie sans retour. Mais je fais amende honorable, tout est au complet ici.

— C’est heureux, murmura Denise en souriant.

— Ma foi, vous avez un bon caractère. J’en connais qui auraient poussé de fameux cris.

— Ma conscience me guide. Je n’ai jamais volé… pourquoi serais-je blessée d’une accusation qui pourrait paraître vraisemblable au premier abord ?