Page:Fiel - Épreuves maternelles, 1930.djvu/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Seriez-vous méchant ?

— Cela me serait parfaitement indifférent… Je veux que mes ordres soient exécutés… C’est entendu n’est-ce pas ?… plus de messes aussi fréquentes…

— Ne suis-je donc pas libre d’agir selon mes goûts ?

— Non, vous ne l’êtes pas… Vous êtes sous ma dépendance, uniquement… et vous agirez par ma volonté seule…

Denise baissa le front. Ah ! pourquoi n’avoir pas réfléchi ? Devait-elle abandonner son foyer et reprendre la vie pleine de soucis qui avait été la sienne durant quelques mois ?

Elle se dit qu’il fallait attendre. À quoi d’autre aurait-elle pu se décider ?

Elle regrettait de n’avoir pas approfondi le caractère de son fiancé. Mais n’avait-il pas détourné ses questions et n’avait-il pas affiché une communion de goûts avec sa fiancée ?

Elle estimait qu’elle payait chèrement sa richesse et sa sécurité.

À qui pourrait-elle se confier dorénavant ? Où pourrait-elle s’imprégner de calme si ce n’était dans la paix des églises ?

Elle ne voyait plus clair dans son esprit. Cependant, elle ne voulut pas avouer à son frère que l’ordre de ne plus lui écrire lui avait été signifié. Elle prétexta sa vie mondaine et de multiples occupations d’intérieur.

Elle ne mentit pas. Une existence fiévreuse commença pour elle. Les réceptions s’ajoutaient les unes aux autres et Denise n’osait pas se plaindre. Qu’elle fût lasse ou non, cela n’intéressait pas son mari. Il avait voulu une maîtresse de maison et il fallait qu’elle restât à son poste.

Heureusement Denise possédait une excellente santé et elle put supporter l’excès des veilles et les dîners multiples.

Mais une accalmie se présenta pour elle : elle mit au monde un fils.

Sa joie tenait du délire. Elle eut, durant quelques jours, le calme dans son appartement clos. Le seul murmure qu’elle y entendait, était le vagissement du bébé chéri. Elle rêva de ne plus vivre que pour lui.

Sitôt qu’elle fut remise, elle demanda à son mari :