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ÉPREUVES MATERNELLES

côtés, et cette pauvre mère l’a suivie. Vous pensez si les petits étaient heureux ! Monsieur peut se vanter d’avoir une épouse gentille… C’est une femme à se mettre en quatre pour elle.

— Où sont-ils tous les trois ? interrompit Paul que ce verbiage excédait.

— Je vous l’ai déjà dit, monsieur, à l’église. Madame ne vous attendait que demain. Je lui ai dit que vous ne veniez que tous les deux jours.

— Vous êtes sûre que Madame reviendra avec ses enfants ?

— Tout à fait sûre. Où voulez-vous qu’elle aille ? Madame a trop de bon sens et de piété pour quitter son foyer.

La cuisinière était enchantée de tenir tête à ce despote. Elle lui dit doucement :

— Que monsieur se chauffe jusqu’au retour de Madame.

Paul Domanet lui lança un regard foudroyant qu’elle dédaigna. Il préféra sortir. Il alla devant l’église Saint-Pierre, patienta quelques minutes près de la porte, sans vouloir entrer, puis le temps s’écoulant, il se dirigea vers l’autre paroisse.

La rage augmentait en lui. L’orgueil de cet homme était démesuré. Il ne voulait pas comprendre que l’amour maternel plus fort que toutes les menaces, conduisait Denise. Il ne pensait qu’à sa volonté que l’on déjouait.

Il revint à la villa. Dès qu’il approcha de l’entrée, il entendit la voix de Richard. Il ne se hâta pas, voulant conserver son prestige.

— Ils sont là, lui dit Victorine. Ah ! Madame a meilleure figure que lorsqu’elle est arrivée !

Paul Domanet poussa la porte du petit salon. Le groupe que formaient Denise et ses chers trésors était des plus gracieux. Le père le contempla. Une lueur d’attendrissement passa dans ses yeux. Ce ne fut qu’un éclair.

Denise s’était dressée. Elle vit le regard dur qui l’effraya et elle s’écria :

— Pitié !

Puis, elle poursuivit en articulant non sans peine :

— J’avais un tel besoin de les voir… mon cœur en était torturé.

Paul Domanet ne voulait rien dire devant ses en-