Page:Fiel - Épreuves maternelles, 1930.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
ÉPREUVES MATERNELLES

bonne, elle ne s’en doutait pas. On la croyait heureuse, s’accommodant de l’humeur de son mari.

Richard vint dire bonsoir. Il ne dînait pas, le soir à la table de ses parents. Il s’arrêta près de Mme Zode :

— Bonsoir, cousine Zode. Dites-moi dans quel pays vous êtes allée, cousine.

— Quel petit curieux ! minauda l’interpellée.

— Dites-le moi vite, s’il vous plaît, cousine ?

— Et pourquoi, mon petit ami ?

— Parce que Joseph et moi nous avons cru vous reconnaître dans la rue, hier. J’allais à la leçon de gymnastique quand Joseph m’a dit : « Tiens, Mme Zode ».

— Quelle idée ! Ce garçon a eu la berlue !

— On a parié tous les deux, poursuivit Richard, et Joseph m’a assuré que vous étiez restée à Paris.

Denise regardait avidement son fils. Une stupeur la paralysait. Tout se dévoilait.

Mme Zode était devenue cramoisie et sous ses cheveux blancs, son visage ressortait, violacé. Il semblait qu’elle étouffât.

Toutes les précautions qu’elle avait prises se trouvaient soudain anéanties. Une circonstance fortuite la réduisait à son tour.

Paul Domanet riait. Son rire était étrange, comme s’il pensait que la dénonciatrice était punie à son tour. La justice s’abattait sur elle.

Mme Zode prononça péniblement :

— Je… je ne sais ce que tu veux dire avec ton histoire, mon petit.

— Je ne veux pas perdre mon pari.

— Je n’étais pas à Paris, mais dans un tout petit village d’où je t’ai envoyé une carte postale, Joseph a donc perdu et il aura pris aussi la carte qui était fort jolie.

— Quel bonheur ! j’ai gagné ! s’écria Richard en se sauvant. Ah ! mais je vais réclamer ma carte ! lança-t-il avant de refermer la porte.

Mme Zode avait perdu aussi… Son triomphe secret n’avait pas duré longtemps.

Tout, dans l’attitude de Denise signifiait qu’elle avait compris l’odieuse machination. Dès son retour à l’hôtel le mal était accompli.

La cousine Zode lisait sa condamnation sur le