Page:Fiel - Épreuves maternelles, 1930.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
ÉPREUVES MATERNELLES

ne sent plus que mystères… Ma femme m’a raconté aussi une histoire invraisemblable que je vous narrerai plus tard.

— Elle vous instruira également de la mienne.

Le docteur Pamadol quitta Denise pour se réunir à ses confrères, tandis qu’elle retournait près de ses enfants. Elle passa près d’eux une soirée merveilleuse, s’occupant de leur toilette de nuit, les berçant dans ses bras et les endormant.

Elle n’osait pas croire encore à son bonheur. Puis, seule, dans sa chambre, elle réfléchit. Enfoncée dans un fauteuil, elle savait qu’il lui serait impossible de trouver le sommeil.

Elle était chez elle… Le miracle s’était accompli de façon imprévue. Elle avait imaginé toutes les solutions, et celle qu’elle ne prévoyait pas, l’avait conduite dans son foyer en quelques minutes.

Paul Domanet s’adoucirait-il ? Recommencerait-elle la lutte ?

Pour le moment, elle reprenait sa place, celle qu’elle devait garder de droit, au chevet de son mari malade.

Elle se promettait de jouir en paix de ce calme retrouvé. Si ce n’était qu’une accalmie, c’est que Dieu considérait qu’elle la méritait et il ne fallait pas l’assombrir par des appréhensions anticipées.

C’est méconnaître la bonté divine que de ne pas profiter des heures de répit qu’elle nous octroie. Si le corps doit se reposer de son travail le septième jour, l’esprit ne doit-il pas aussi se libérer de ses inquiétudes inhérentes à l’existence ? Ne faut-il pas laisser l’espoir rayonner, puisque l’espoir existe pour nous soutenir et nous apaiser l’âme.

Denise voulait oublier les jours malheureux. Sa pensée se reporta vers le blessé. Dans son cœur généreux, elle ressentait pour lui une immense pitié de le voir ainsi jugulé par la fatalité. Elle n’osait évoquer le mot de châtiment, ne se croyant pas autorisée à juger, mais elle estimait que ce moyen choisi par Dieu, était le plus propre à concilier les choses.

Paul était amoindri dans sa supériorité. Sa femme aujourd’hui, le dominait parce qu’elle était là, agissante. Il ne pouvait parler pour l’humilier. Chacun,