Page:Fiel - Épreuves maternelles, 1930.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
ÉPREUVES MATERNELLES

qu’ils sont là. J’ai retenu mon cœur de mère pour ne pas m’inquiéter de leur présence tout de suite en entrant.

— Vous êtes admirable, murmura le magistrat en s’inclinant.

— N’était-ce pas mon devoir de m’assurer, avant tout de l’état de santé de Paul ?

Comme M. Rougeard voulait se retirer, elle le retint en lui disant :

— Non… non… restez… je veux que vous les connaissiez… Vous comprendrez alors combien mon cœur était déchiré en voyant les enfants des autres.

Une femme de chambre conduisit l’heureuse mère vers la pièce où une nurse gardait les deux petits.

Doucement Denise s’approcha de la porte, en renvoyant celle qui l’avait accompagnée. Par l’entrebâillement, elle contempla le tableau que lui offraient Richard et Rita.

Penchés tous deux sur un album d’images, le petit garçon expliquait à sa petite sœur le sens des gravures. Denise reconnut les paroles qu’elle avait employées pour rendre le texte compréhensible à son jeune élève.

Elle murmura : Richard… Rita…

Les deux enfants tournèrent la tête, tandis que la nurse se levait, surprise.

Puis Richard cria : Maman ! D’un bond, il fut dans les bras de sa mère, tandis que Rita pleurait en criant : Maman… ma petite maman, tu ne t’en iras plus ?

M. Rougeard réalisa tout ce que cette mère avait pu souffrir, quand il la vit serrer sur sa poitrine ses chéris tant aimés. Elle les embrassait sans se lasser et les appuyait sur son cœur sans pouvoir les en détacher.

— Mes chéris… mes chéris…

— Tu sais, posa Richard, maintenant, c’est fini, je ne te laisserai plus jamais repartir… puis d’abord, il faut que tu soignes papa… continua-t-il, sachant que cet argument serait sans réplique.

— Je veux que ma petite maman ne s’en aille plus jamais… jamais… renchérit Rita au milieu de ses larmes.

— Papa nous avait dit que tu ne reviendrais qu’au