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bijoux du meilleur goût dont Paul lui laissait le choix, ayant reconnu ses erreurs à ce sujet. Il préférait les joyaux somptueux, ceux qui trahissaient sa richesse, mais il convenait que ceux dont elle se parait avaient plus de succès.

Il lui rendait une certaine justice parce qu’elle recevait avec une aisance merveilleuse. Puis, elle lui avait donné un fils ce qui le flattait. Il lui tardait déjà de voir Richard grandelet afin de le promener à cheval, au bois.

Mais à mesure que sa situation croissait, son despotisme augmentait.

Denise ne pouvait plus maintenant émettre un avis, sans le voir accueilli avec ironie. Il la traitait comme une enfant dont on veut arrêter la présomption. Tous les jours il lui infligeait quelque vexation.

La jeune femme se réconfortait près de son enfant. Quand elle le contemplait, frais et potelé, lui tendant les bras avec un sourire, elle oubliait sa triste destinée. Elle le serrait sur son cœur en murmurant :

« Tu m’aimeras, toi, mon chéri, n’est-ce pas ? »

Et elle en attendait presque une réponse comme si ce petit innocent pouvait déjà comprendre toutes ses désillusions.

Un second bonheur lui vint avec l’arrivée d’une petite fille.

Il lui sembla que la Providence voulait lui donner une compensation.

Mais cette fois, elle ne parla pas de baptême à son mari. Ayant eu la même garde pour la soigner et sachant que Paul Domanet était plus ancré que jamais dans ses idées antireligieuses, elle laissa faire l’excellente femme. La petite fut prénommée Rita.

Bien qu’elle aimât passionnément son fils, Denise fut remplie de joie de posséder une fille.

Pour elle, c’était la douceur, l’étroite intimité, la confiance mutuelle tant rêvée. Elle se sentit plus forte en même temps que complètement heureuse. Elle savait que son mari lui enlèverait vite son Richard sous prétexte de l’élever en homme, mais au moins il lui resterait sa fille.

Il lui semblait maintenant que son mari pouvait l’annihiler, mais que tout glisserait dorénavant sur elle.